Parmi les idées développées dans mon dernier livre (« Distribution : inventer le commerce de demain« , Pearson, 2014), le « je t’aime moi non plus » entre la marque et l’enseigne suscite beaucoup de réactions parmi les lecteurs.
La seconde erreur classique est de croire que « monter en marque » autorise à monter les prix. Les vieux modèles de Porter, qui opposent la « domination par les coûts » à la « différenciation » par la marque, ont installé cette idée que la marque sert à justifier les hausses de prix. C’est peut-être vrai dans l’industrie (et encore !)… Mais c’est totalement crétin dans le retail, surtout dans le mass market. Allez demander aux enseignes-marques les plus performantes (Ikea, Yves Rocher, Décathlon, E.Leclerc ou la Fnac) si la force de leur image leur permet de ne pas respecter leur engagement sur les prix ! La montée en marque des enseignes est ainsi pavée de désastres, le dernier en date étant La Halle, égarée dans une stratégie de glamourisation et de trading up qui a fait fuir ses clients historiques (« ces codes et ces prix ne sont pas pour moi ») sans suffire à attirer de nouveaux clients (puisque les preuves étaient absentes : collections médiocres, magasins peu attractifs). Le nouveau management prépare des mesures radicales dont il n’est pas certain qu’elles suffiront à sauver l’enseigne. Pour autant, la montée en marque est bien une nécessité : les défaillances de Bata ou de Fly sont, en partie, le fruit d’une banalisation fatale (à quoi servaient Bata ou Fly ? Qu’apportaient-elles au marché d’unique et de différent ?).