Le monde est en route vers les +4*. Aucun gouvernement n’est capable (et aucun homme politique désireux) d’imposer les changements qui permettraient de l’éviter. Or ces comportements ne changeront pas d’eux-mêmes, qu’il s’agisse des entreprises ou des individus.
À +4*, notre mode de vie sera bouleversé. La sécurité alimentaire sera un souvenir, les guerres de l’eau se multiplieront. Les migrations massives provoqueront des réactions identitaires violentes, l’adaptation des infrastructures imposera des hausses d’impôts, la santé et le pouvoir d’achat seront affectés.
À un « certain moment », devant le mur, les décisions seront prises et s’imposeront à tous. Comme on aura attendu trop longtemps, nous subirons les conséquences du dérèglement ET les coûts d’une adaptation en catastrophe.
Ce jour-là, certains retailers seront mieux préparés que d’autres. 3 priorités pour cela :
- Conduire la mutation vers un business model ne reposant plus sur la hausse des volumes. Renoncer à la création de valeur est impossible. La question est donc : comment continuer à créer de la valeur si la baisse des volumes consommés est inéluctable ? Venez écoutez Régis Koenig (FnacDarty) à Negoce connecté le 26 septembre, on en reparle après.
- Adapter l’outil pour anticiper les prochaines Loi climat. On a beaucoup reproché aux gouvernements Macron de ne pas faire assez. Pourtant, le durcissement du cadre réglementaire est déjà douloureux pour nombre d’entreprises. Ce n’est que le début : les tours de vis s’accélèreront à mesure que le moment de bascule approchera. Les enjeux pour les retailers sont multiples : sourcing, entrepôts, bâtiments, emballages, énergie, déchets… Tous ont un coût, mais chaque euro dépensé aujourd’hui pour adapter l’outil représente des économies bien plus importantes demain.
- Adaper l’offre : l’essentiel de la trace carbone du retail réside ce que l’on vend, pas dans la façon de le vendre. Déplacer l’offre vers des produits et des fournisseurs durables est prioritaire. Le scoring environnemental et mieux encore d’étiquetage sont clés, par la pression qu’elles exercent sur la filière.
Tout cela est du bon sens, et mes clients chéris sont presque tous d’accord… tant qu’on ne parle pas calendrier. Ce moment de bascule où le monde aura suffisamment peur pour accepter de se contraindre, où les écologistes seront plus puissants que les lobbies, où les capitalistes admettront que le jeu devient mortifère… est-il encore loin ?
L’horizon de temps de la Bourse, c’est quelques mois. Celui d’un Plan stratégique, 3 ans. L’equity story pour un fonds peut monter jusqu’à 5. Dans un groupe familial ou un groupement d’indépendants, on raisonne à 15 ans.
Alors ? Alors pour les optimistes, les financiers et les cyniques : vous avez le temps.
Pour les autres : chaque jour perdu rendra plus coûteuse l’inévitable adaptation.
Adaptation pour devenir plus vertueux, et adaptation pour prospérer dans un monde à +4*.
Cordialement
Cédric Ducrocq
PDG du Groupe Diamart