Filiale de Carrefour spécialisée dans les produits bio en ligne, Greenweez est actif en France, Italie et Espagne avec un entrepôt dans chaque pays. Diamart Group a échangé en exclusivité avec son Directeur Général, Romain Roy.
Diamart Group : Comment évolue l’activité de Greenweez, en ce jeudi 2 avril ?
Romain Roy : C’est la 3e semaine de confinement, et je peux vous dire que depuis trois semaines maintenant, les volumes de commandes sont démentiels…ils sont plus de deux fois supérieurs à ceux de la même période l’an dernier. Et encore, nous avons pris des mesures pour limiter les flux de commandes. Si on lâchait tout, le nombre de commandes serait encore plus élevé !
DMG : Quelles limites avez-vous instaurées ?
R.R. : La première semaine de confinement, on a vu passer des commandes avec 200 kilos de pâtes ! Afin d’inciter chacun au civisme et dans un enjeu de solidarité, nous avons limité les commandes à 30 kilos au maximum. Par ailleurs, chaque commande demande un temps de préparation incompressible, qu’elle soit grosse ou petite. En raison de l’affluence croissante enregistrée sur le site, nous avons donc pris la décision de ne pas livrer de commandes en-dessous de € 39 d’achats. Cela correspond à un panier de courses nécessaires pour le quotidien d’une famille, et nous permet d’assurer un maximum de livraisons.
DMG : A ce jour, le taux de ruptures reste élevé dans l’e-commerce français…
R.R. : Oui en effet. Mais beaucoup de clients ont du mal à comprendre qu’il n’y a pas de problèmes d’approvisionnements mais des problèmes de flux. Avec de tels à-coups de volumes, il faut simplement que la marchandise ait le temps d’arriver sur entrepôt, d’entrer dans le système d’information et d’être à nouveau disponible à la commande. C’est un enjeu de flux, il n’y a aucun risque de pénurie…
DMG : Avez-vous fait évoluer en conséquence votre système de « picking » ?
R.R. : Dans les entrepôts Greenweez situés en France, Espagne et Italie, on tourne à pleine capacité et même un peu plus. Nous sommes sur un « picking » mixte, à la fois manuel et automatisé. Il y a forcément un peu plus d’absentéisme en entrepôt, donc quelques enjeux de staffing : d’abord car c’est plus difficile de trouver du personnel en intérim en ce moment, et aussi en raison des gestes barrières qui sont absolument indispensables pour nos équipes. Mais qui, d’une certaine façon, empêchent aussi d’avoir plus de monde dans les allées de préparation. Pour augmenter nos capacités, on s’apprête à mettre en place des équipes de nuit pour la préparation de commandes. Celle-ci démarrera plus tôt le matin et finira plus tard le soir.
DMG : Comment gérez-vous l’acheminement des commandes ?
R.R. : En temps normal pour la France, environ 35 % de nos commandes sont livrées à domicile et 65 % en point relais (Mondial Relay et Relais Colis). Or, les points de retraits de nos partenaires ont été fermés, sans préavis, mi-mars, et le resteront au moins jusqu’au 14 avril. Après avoir passé quelques jours à récupérer ces commandes ou bien à rembourser nos clients qui ne parvenaient pas à récupérer leurs articles, nous avons basculé à 100 % sur un schéma de livraison à domicile (avec Chronopost et Colis Privé). Le délai de livraison annoncé actuellement, de 10 à 12 jours, est beaucoup plus long que d’habitude (où il est de 48h). Cela nous permet de freiner le flux de demande et également d’être certains de tenir la promesse clients. Nous ne voulons surtout pas faire des promesses que nous ne pourrions pas tenir derrière.
DMG : Un mot pour conclure ?
R.R. : Tous les jours, les Français applaudissent les soignants aux balcons, et nous leur apportons aussi tout le soutien possible. Mais je peux vous dire que je suis également bluffé par l’engagement de nos équipes, par leur volonté de trouver des solutions. Chaque jour, je vois leur engagement et leur volonté d’avancer dans leur mission, pour continuer à nourrir la population. Préparateurs de commandes en entrepôt, chauffeurs de camion, etc… c’est toute la chaîne logistique qui doit être saluée.