Le 14 mars dernier, s’est déroulé le Retail Project 2019, l’événement annuel du Groupe Diamart. Au-delà du plaisir d’y rencontrer nos clients et partenaires (250 participants, dont 150 retailers de niveau Codir), c’est un moment privilégié pour faire le tri entre les véritables moteurs de la performance et les lieux communs à l’obsolescence programmée. Parmi les nombreux enseignements, deux m’ont particulièrement frappé : la primauté des basiques ; et l’omniprésence de la technologie.
Primauté des basiques :
Christine Loizy (DG de Primark) est un peu provocante quand elle explique qu’un Primark se manage comme l’épicerie du coin de la rue, en plus grand : avec de l’humain et du bon sens. Mais tous les intervenants ont insisté sur ce préalable : commencer par faire très bien son métier. En ayant une vision claire de ce qui est important, comme Pierre Coursières (DG du Furet du Nord) quand il explique être passé du besoin (voué à basculer sur internet) à l’envie, ou Stéphane Solinski (DG de Sport 2000) quand il insiste sur l’ancrage local de ses adhérents. Mais aussi en adressant de front tous les maillons du métier, comme le rappelait Philippe Gueydon (DG de King Jouet). Leur analyse rejoint notre expérience : une part importante des missions de Diamart consiste à accélérer la professionnalisation de retailers ayant pris du retard. C’est la professionnalisation des stratégies (politiques d’offre, de prix, de sourcing, etc.), et la professionnalisation des équipes qui nous a conduit à créer Diamart Academy, structure de formation et coaching pour le retail. Bien entendu, faire la même chose qu’avant en mieux ne suffira pas à moyen terme.
Mais c’est là que sont les paybacks à court terme ; or il faut bien dégager des marges de manœuvre économiques pour financer la transformation des modèles…
Omniprésence de la technologie :
Certes, c’est l’humain qui fait la différence : si vous me mettez au volant d’une Porsche, le résultat risque d’être peu convaincant. Mais pour accélérer, la Porsche ouvre des perspectives inaccessibles à mon Vélib. Or la ligne de crête est étroite entre deux écueils :
- La fascination de la technologie, la frénésie des PoC, la propension à se jeter dans les bras du premier prestataire convaincant, sans approche méthodique (priorisation des enjeux, évaluation des technologies et des prestataires…). La retail tech foisonne d’une créativité fantastique mais confusante. Diamart et l’Institut du Commerce Connecté sont ainsi souvent sollicités pour aider les retailers à identifier les solutions les plus adaptées.
- La lenteur à bousculer les pratiques historiques, parfois accentuée par le conservatisme des DSI. Or sur bien des sujets, la technologie devient si puissante qu’elle fait bouger les lignes. Diamart et l’ICC seront en Chine mi-avril pour une Learning expedition : là-bas, les grands acteurs déploient massivement des concepts phygitaux incroyablement novateurs. Il est urgent de renforcer la culture technologique des Comités de Direction, et leur ouverture à l’innovation. Retail Innovations, notre décodage de 40 concepts retail innovants dans le monde entier, est à télécharger en cliquant ici.
En France, l’innovation est moins visible et se déploie lentement ; mais on commence à voir émerger des concepts phygitaux rentables, comme ceux présentés par Alex Cano (DG de Saint Maclou) ou Sandrine Guichard (DG La Redoute Maison et AMPM). Ces magasins ne sont pas des show-rooms de technologie, mais des lieux où des clients interagissent avec des produits et des vendeurs… qui utilisent la technologie pour donner accès à un univers enrichi et inspirant. L’invention du retail de demain est en cours, à base de technologie et d’humain. Tous les retailers ont leur chance : évitons le syndrome du lapin tétanisé par les phares du camion Amazon. Comme l’ont rappelé Alexandre Rubin (DG Yves Rocher) et Antoine Menet (Dr e-commerce E.Leclerc), même les réseaux d’indépendants, souvent décrits comme inaptes à la transition digitale, peuvent au contraire incarner le meilleur des deux mondes. Notre vocation est d’aider les retailers de l’ancien monde à prolonger leur réussite dans le nouveau monde. Comme tous les participants, nous sommes ressortis de Retail Project 2019 avec beaucoup d’énergie positive… et quand même un certain sentiment d’urgence. Promis, on recommence l’année prochaine !